Message de la crèche de Noël
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Pour nous, laissons-nous attirer par la clarté de la crèche, faisons comme les bergers et leurs moutons, rejoignons Marie et Joseph inclinés pensivement devant le nouveau-né !
Car la crèche c’est bien d’abord cette lumière qui illumine dans le cours de la nuit. Elle brille au milieu d’une obscurité toujours menaçante, complice du mal et du péché. Et nous nous rassemblons et nous nous pressons dans la crèche obscure, auprès de cet enfant qui est la Lumière venant dans le monde, qui éclaire et efface les ombres, feu qui rassemble et réchauffe, qui réconforte et qui réjouit.
Cette lumière se reflète d’abord sur le visage de Marie, au regard rempli de tendresse et d’adoration. Car la crèche c’est Marie, cette mère penchée sur son nouveau-né qu’elle a emmailloté pour le protéger du froid, à qui elle va donner le sein pour le nourrir. Comme toute naissance, cette naissance est un prodigieux cadeau. Noël c’est l’affection d’une maman qui protège, qui réchauffe, qui nourrit, qui entoure et console cette vie qu’elle a reçue, qu’elle a transmise, si fragile, si menacée, si vulnérable et facilement blessée.
Cette lumière éclaire aussi le regard silencieux de Joseph, qui veille sur sa femme, et sur leur enfant, à qui il donnera le nom qui est à lui seul tout un programme : Jésus, c’est-à-dire Dieu sauve. Tout Fils de Dieu qu’il est, c’est de Joseph et de Marie que le bébé s’ouvrira à la conscience humaine, conscience de ce que c’est que recevoir et que donner, que d’être aimé et d’aimer, que de compter aux yeux de ceux qui l’entourent, et le gardent, et l’éduquent, et l’élèvent.
Bien des années plus tard, racontera Saint Luc, aux douze ans de l’enfant, Marie aura cette parole : « Vois ton père et moi tout angoissés… ». C’est de ses parents que Jésus apprendra à entrer dans sa liberté humaine, cette gloire des enfants de Dieu, mais eux, ses parents, auront à apprendre et respecter et servir la vocation si particulière et inattendue de leur fils premier-né…
Vie reçue, vie transmise, vie à accueillir, la crèche de Noël ne nous dit-elle pas la présence aimante et agissante de Dieu lui-même au milieu de toute famille humaine ?
Mais il n’y a pas que Marie, et Joseph, et l’Enfant à la crèche ! Il y a des bergers. L’ange du Seigneur se présente devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppe de sa lumière. Voici que nous voyons autour de nous les humbles bergers qui dormaient dans les champs, gardant leurs troupeaux.
Et voici que nous entendons la caravane bruyante des mages en chemin, ces astrologues au cœur pur qui arrivent de la Perse lointaine. Car, à la crèche, tous les hommes sont invités, les pauvres comme les riches, les voisins comme les étrangers, ceux qui connaissent le Dieu vivant et ceux qui le cherchent encore, ceux qui se connaissaient comme ceux qui s’ignoraient.
Étrangers comme gens d’ici, jeunes et vieux, hommes et femmes, tous savent que la crèche de Bethléem est un message d’amour pour chacun : pour ceux qui étaient proches comme pour ceux qui étaient loin. La crèche de Noël n’est-elle pas le signe de la fraternité et de la réconciliation de tout le genre humain ?
Chacun de nous rejoindra donc sans crainte la crèche de Bethléem, confiant à l’Enfant toutes les mamans et tous les papas, et tous les enfants et toutes les familles. Confions-lui la multitude des hommes, qui peinent sur le chemin de la paix et de la réconciliation, confions-lui particulièrement les peuples victimes de la folie meurtrière et du terrorisme. Confions-lui les populations d’Ukraine et les femmes Afghanistan et d’Irak, confions-lui les enfants de Gaza, le peuple de Palestine et celui d’Israël, celui du Soudan, celui de la Birmanie. Confions-lui les populations déplacées, les enfants et les familles victimes de conflits qui ne sont pas les leurs, ceux qui cherchent une terre, et des amis…
Confions-lui ceux qui cherchent un travail, un compagnon de vie, une raison de se lever chaque matin.
Confions-lui la création tout entière, afin que nous sachions la recevoir comme le premier cadeau que Dieu nous fait, pour que nous en déployions toutes les potentialités et lui fassions porter son fruit.
Confions-nous enfin nous-mêmes à celui qui est venu abattre le mur de la haine qui séparait toutes les nations, et le mur qui séparait les hommes d’avec Dieu. Inclinons-nous devant l’Enfant de Bethléem et lisons sur son visage adorable le message de bonheur de la crèche de Noël : Tu as du prix à mes yeux, et je t’aime.
Père Lizier de Bardies