méditation des 14 stations du chemin de Croix
Méditation des 14 stations du chemin de Croix par Jean-Michel Castaing
1. Jésus est condamné à mort
Jésus nous a demandé de ne pas juger notre prochain. En jugeant, nous usurpons la place de Dieu, le seul juge. En condamnant Jésus à mort, le pouvoir révèle sa nature totalitaire. Non seulement il se prend pour Dieu mais de plus il décide la mort de son Fils ! Dans beaucoup pays, le pouvoir politique considère Dieu comme un concurrent. Hérode n’a-t-il pas voulu faire assassiner le Messie dès sa naissance ? Laissons à Dieu, le Seul qui connaisse les cœurs des hommes, le soin de les juger. D’ailleurs, Jésus ne dit-il pas qu’il n’est pas venu pour juger mais pour sauver ?
2. Jésus est chargé de la Croix
Jésus accepte la Croix, non par goût de la souffrance mais parce qu’il a décidé de porter nos fardeaux qui sont les conséquences de nos péchés. Jésus sait que la Croix est l’instrument du salut. Cependant, il n’est pas facile d’expliquer cette vérité à nos contemporains, pas facile de leur montrer la face lumineuse de cet instrument de supplice. Pourtant, cette explication serait le meilleur moyen de leur révéler que la motivation qui a poussé Jésus à prendre la Croix sur lui, c’est son amour et sa volonté de nous sauver. La Croix est glorieuse avant d’être douloureuse. Grâce à elle, Jésus dira « oui » là où nous disions « non ».
3. Jésus tombe pour la première fois
La première chute de Jésus est le symbole de toute sa vie de service. Il est le Fils éternel de Dieu, et pourtant il n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est abaissé jusqu’à notre misère. Sur le chemin du Calvaire, il tâte durement cette terre qu’il a sanctifiée par sa présence en chair et en os. Aux yeux des hommes, il est ridicule et faible. Aux yeux de la foi, il est l’amant de la terre des hommes qu’il vient embrasser, même si c’est douloureusement.
4. Jésus rencontre sa mère
Le chemin de Croix est une procession de noces. L’Époux, Jésus, est là qui se donne à son épouse, l’Église. Une seule personne est dans le secret de ces noces : sa Mère, qui a cru en l’accomplissement des promesses des Écritures au sujet de la Nouvelle Alliance. Marie sait que son Fils est l’Époux. Marie souffre. Elle vit une nuit de la foi. Toutefois, en elle, une lumière luit parce que connaissant l’identité divine de son Fils, elle sait que le péché ne réussira jamais à engloutir l’Amour. De son côté, Jésus, en rencontrant la Toute Sainte sur le chemin du Calvaire, est comme revigoré. En regardant sa mère charitable sur la pente du Golgotha, il lui revient à l’esprit que les hommes valent vraiment la peine que l’on se sacrifie pour eux ! Et le Père céleste peut dire à Marie, comme il le dit jadis à Abraham : « Parce que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique, je ferai de toi la mère d’une multitude de nations. »
5. Jésus est aidé par Simon de Cyrène
Dieu nous demande de l’aider à sauver le monde avec lui. Il le fait par miséricorde, car il aurait pu faire le travail tout seul. S’il a décidé de nous associer à la Rédemption, c’est qu’il veut être fier de ses enfants. Comme tout père aimant, Dieu est fier de ses enfants lorsqu’ils s’entraident. Aussi pourra-t-il dire : « C’est à la fois par miséricorde et par justice que je les ai sauvés ». Ne le décevons pas. Maintenant que Jésus nous a donné l’Esprit Saint, devenons des Simon de Cyrène pour nos frères. L’homme se grandit en se courbant pour aider son prochain : les malades, les exclus, les chômeurs, les réfugiés, les dépressifs, les handicapés, les mourants.
6. Véronique essuie le visage de Jésus
Le motif le plus noble de prendre des risques est de le faire par amour. Ayons une pensée pour les chrétiens persécutés qui continuent à dire et vivre leur foi malgré l’hostilité qu’ils rencontrent. En ne rougissant pas de Jésus, ils sont des Véronique modernes. Véronique n’a pas eu peur de braver le conformisme de la foule pour aller vers le condamné du Golgotha. En tenant ferme dans leur foi et en révélant à leurs bourreaux la face transfigurée qui est celle du disciple du Christ glorieux, les chrétiens persécutés bravent eux aussi le conformisme. En s’aimant les uns les autres, ils essuient le visage maculé et meurtri de Jésus. Dans leur persévérance, nos frères martyrisés consolent Jésus comme le fit Véronique. En effet, dans un chrétien persécuté, c’est Jésus qui est persécuté. Grâce soit rendue à ceux qui persévèrent dans leur foi et à ceux qui viennent à leur secours, malgré les risques qu’ils prennent en le faisant.
7. Jésus tombe pour la seconde fois
En tombant pour la deuxième fois, Jésus nous révèle que l’on ne se débarrasse pas du mal aussi facilement. Les idéologies sont promptes à désigner des coupables qui seraient responsables des malheurs du temps. Cependant, avant d’accuser nos frères, nous serions mieux inspirés de faire un examen de conscience. Nos chutes répétées ne sont-elles pas le signe qu’il y a quelque chose de fêlé en nous ? N’avons-nous pas besoin d’un médecin des âmes ? N’aurions-nous pas besoin d’être sauvés ? En tombant pour la seconde fois, Jésus nous tend un miroir. Quand nos yeux s’ouvriront-ils enfin sur les causes de nos chutes qui sont rarement imputables aux autres ?
8. Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
C’est trop facile d’accuser l’air du temps, les événements ! En demandant aux filles de Jérusalem de pleurer sur elles-mêmes et sur leurs enfants, Jésus ne craint pas de nous ramener à nous-mêmes. Nous sommes fascinés par le spectacle du monde, prompts à pleurer sur le malheur des autres. Mais que faisons-nous de nos intériorités ? Prenons-nous soin de nos âmes ? Et si nous éteignions nos écrans pour regarder enfin la maison intérieure de notre esprit ? Quand ferons-nous le ménage dans notre intériorité spirituelle afin d’y accueillir le Seul qui puisse nous rendre heureux, Dieu en personne ? Dieu brûle du désir de s’inviter chez nous !
9. Jésus tombe pour la troisième fois
La troisième chute de Jésus exorcise la tentation redoutable du désespoir. Les chrétiens sont peu perméables, pour la plupart, à cette tentation. Mais qu’en est-il de ceux qui ignorent l’existence d’un Dieu qui les aime, qui les soutient dans les moments difficiles ? Combien de jeunes se suicident ! Combien de personnes meurent de l’intérieur, dans leur esprit, avant de le faire dans leur corps, parce qu’elles n’ont croisé aucun témoin de Jésus qui leur aurait révélé que leur vie a un sens parce que Dieu les attend chaque jour de leur vie et à l’heure de la mort ? Qu’il est triste de n’être attendu par personne et de n’attendre personne ! Or, la foi nous révèle que la vie a un sens, c’est-à-dire à la fois une signification et une direction, la direction vers le Royaume ! Par cette troisième chute, Jésus nous redonne l’espérance. Son ultime chute est terrible, mais elle se situe en haut du Calvaire, là où il sera en mesure de révéler son Amour à l’univers entier ! Oui, chaque vie a un sens car elle est habitée par la présence de Dieu !
10. Jésus est dépouillé de ses vêtements
En dépouillant Jésus de ses vêtements, ses bourreaux pensent lui ôter sa dignité. Mais la dignité de l’homme est inaliénable. Rien ni personne n’est en mesure de l’enlever à quiconque parce que cette dignité dépend de l’image de Dieu qui est en lui. Tout homme porte le sceau de Dieu et il n’est dans le pouvoir de personne de le lui ôter. Même le corps le plus prostitué appartient à une personne digne. L’euthanasie est interdite parce que personne ne meurt dans l’indignité. L’homme reste image de Dieu jusqu’à son dernier souffle. De plus, il n’existe pas d’homme qui ne soit digne d’être sauvé. Jésus est exposé aux yeux de tous dans une nudité outrageante. Il n’en demeure pas moins le Fils bien-aimé du Père et le plus beau des enfants des hommes. La bonté est le premier critère de la beauté. Enfants du Père, personne ne peut nous enlever notre dignité royale, nous, les fils du Roi des rois !
11. Jésus est cloué sur la Croix
En le clouant à la Croix, ses tortionnaires veulent faire taire Jésus. Mais l’Amour est transcendant. Il est au-delà des mots. Jésus n’a pas besoin de parler pour nous aimer et soutenir le monde par sa Parole silencieuse. D’ailleurs, son Amour est si grand que les mots en deviennent superflus. Dieu est Dieu : quel langage pourrait faire le tour de sa majesté, de sa grandeur ? Quel langage pourrait le comprendre ? Dieu se dit dans son Verbe, et cela dans le silence de l’éternité. Et voici que ce Verbe est cloué à la Croix ! En sera-t-il moins puissant pour cela ? Non, même cloué à la Croix, le Verbe soutient le monde. Parce que c’est l’Amour qui est le fondement du monde.
12. Jésus meurt sur la Croix
Jésus meurt. Dieu aurait pu nous sauver sans passer par la Croix. S’Il a décidé de mourir en son Fils, c’est pour mieux nous manifester son Amour. Mais surtout, parce qu’Il nous aime comme seul Dieu sait aimer : complètement, infiniment. Dieu aime comme Dieu. L’Amour est une trop grande chose pour être pratiqué à moitié. Avec l’amour, c’est tout ou rien. Avec Dieu, c’est tout ! Tout jusqu’à mourir pour ses amis. Sans rien garder pour soi. Gratuitement. Avec tout son Être. Mais en cela, la Croix n’est pas chose étrangère à Dieu, puisque Dieu est Amour. Aussi est-elle le trône qu’il a choisi de toute éternité. Car de toute éternité, Dieu est Amour.
13. Jésus est descendu de la Croix et remis à sa mère
Marie accueille son Fils. Elle continue de croire. Pour elle, le mystère de cette mort est trop puissant, trop grand pour qu’il ne se cache pas quelque chose de lumineux dans cette ténèbres. Elle souffre. Mais sa foi est plus grande que sa souffrance. Que croit-elle ? Que Dieu a livré son Fils pour nous. Car depuis l’Annonciation, elle connaît l’identité de Jésus. Ainsi donc, le Père nous a donné son Fils jusqu’à la Croix ! Qui sommes-nous pour être honorés d’un tel présent ? Pourquoi Dieu nous a-t-il aimés à ce point ? Dieu est mystérieux, certes. Mais les hommes le sont pas moins, eux à qui le Père a fait présent de ce qu’Il possède de plus cher : son propre Fils ! Et qui mieux que Marie nous persuadera que nous sommes follement aimés par notre Créateur et Sauveur ? Mère sainte, donne-nous ta foi !
14. Jésus est déposé au tombeau
« Il est descendu aux enfers » disons-nous dans le Credo. Jésus mort va délivrer les hommes qui sont nés avant lui, car son Salut s’étend à tous les espaces et à tous les temps. Jésus ne reste pas inactif au tombeau. Et pour ses amis, c’est l’heure de l’aimer davantage. Là, au sépulcre, Jésus ne fait aucun miracle et ne prononce aucune parole. Seuls ses amis entrent au tombeau : eux n’ont pas besoin de l’entendre ni le voir faire des prodiges. L’amour leur suffit. Jésus se tait au sépulcre. Cependant, l’amour aura le dernier mot. L’amour que Jésus a montré tout au long du chemin de croix est trop pur, trop grand, pour qu’une pierre le retienne longtemps captif de la mort. Dieu ne peut pas laisser l’Amour incarné prisonnier du tombeau sans se contredire Lui-même !