Journée mondiale de prière pour les vocations : la vocation, « un don et une charge » Message du pape François (texte intégral)

Publié le par Ensemble paroissial Pibrac et Brax

Journée mondiale de prière pour les vocations : la vocation, « un don et une charge » Message du pape François (texte intégral)

Cette année, pour la 60e Journée mondiale de prière pour les vocations – célébrée le dimanche 30 avril – le pape François « propose de réfléchir et de prier » sur le thème « Vocation: grâce et mission ».

Le Saint-Siège publie ce mercredi 26 avril 2023 le message du pape pour cette Journée instituée par saint Paul VI en 1964, au cours du Concile œcuménique Vatican II.

Le pape François souligne qu’il s’agit d’une « occasion précieuse pour redécouvrir » « que l’appel du Seigneur est une grâce, un don gratuit, et qu’il s’agit en même temps d’un engagement à partir, à sortir pour apporter l’Évangile ».

La vocation, affirme le pape, est « un don et une charge, une source de vie nouvelle et de joie véritable ». Il souhaite que « les initiatives de prière et d’animation associées à cette Journée renforcent la conscience vocationnelle dans nos familles, dans les communautés paroissiales et dans les communautés de vie consacrée, dans les associations et dans les mouvements ecclésiaux ». « Que l’Esprit du Seigneur ressuscité, écrit le pape, nous arrache à l’apathie et nous donne la sympathie et l’empathie, afin que nous puissions vivre chaque jour régénérés en tant que fils du Dieu Amour (cf. 1 Jn 4, 16) et être à notre tour générateurs d’amour : capables d’apporter la vie partout, en particulier là où il y a exclusion et exploitation, dénuement et mort. »

Voici le message du pape François pour la Journée mondiale de prière pour les vocations traduit en français par le Saint-Siège.

La vocation : grâce et mission

Chers frères et sœurs, chers jeunes !

C’est la soixantième fois que nous célébrons la Journée mondiale de prière pour les vocations, instituée par saint Paul VI en 1964, au cours du Concile œcuménique Vatican II. Cette initiative providentielle vise à aider les membres du Peuple de Dieu, personnellement et en communauté, à répondre à l’appel et à la mission que le Seigneur confie à chacun dans le monde d’aujourd’hui, avec ses blessures et ses espoirs, ses défis, ses succès.

Cette année, je vous propose de réfléchir et de prier en étant guidés par le thème « Vocation : grâce et mission ». C’est une occasion précieuse pour redécouvrir avec émerveillement que l’appel du Seigneur est une grâce, un don gratuit, et qu’il s’agit en même temps d’un engagement à partir, à sortir pour apporter l’Évangile. Nous sommes appelés à témoigner de la foi, qui lie fortement la vie de la grâce, à travers les sacrements, la communion ecclésiale, et l’apostolat dans le monde. Animé par l’Esprit, le chrétien se laisse interpeller par les périphéries existentielles et est sensible aux drames humains, en gardant toujours à l’esprit que la mission est l’œuvre de Dieu et qu’elle ne s’accomplit pas seul, mais dans la communion ecclésiale, avec ses frères et sœurs, guidés par les pasteurs. Car tel est, depuis toujours et pour toujours, le rêve de Dieu : que nous vivions avec Lui dans une communion d’amour.

« Choisis avant la création du monde ».

L’apôtre Paul ouvre devant nous un horizon merveilleux : Dieu le Père « nous a choisis dans le Christ, avant la création du monde pour que nous soyons saints, immaculés devant lui dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté » (Ep 1, 4-5). Ce sont des mots qui nous permettent de voir la vie dans sa pleine signification : Dieu nous « conçoit » à son image et à sa ressemblance et veut que nous soyons ses enfants : nous avons été créés par l’Amour, par amour et avec amour, et nous sommes faits pour aimer.

Au cours de notre vie, cet appel, inscrit dans les fibres de notre être et porteur du secret du bonheur, nous rejoint, par l’action de l’Esprit Saint, d’une manière toujours nouvelle, éclaire notre intelligence, donne de la vigueur à notre volonté, nous émerveille et fait brûler notre cœur. Parfois, elle fait même irruption à l’improviste. Ce fut le cas pour moi le 21 septembre 1953, lorsque, me rendant à la fête annuelle des étudiants, j’ai ressenti le besoin d’entrer dans une église et de me confesser. Ce jour a changé ma vie et l’a façonnée d’une manière qui dure encore aujourd’hui. Mais l’appel divin au don de soi se fait progressivement, à travers un cheminement : au contact d’une situation de pauvreté, dans un moment de prière, grâce à un témoignage clair de l’Évangile, à travers une lecture qui nous ouvre l’esprit, lorsque nous écoutons une Parole de Dieu et que nous sentons qu’elle nous est adressée, dans le conseil d’un frère ou d’une sœur qui nous accompagne, dans un temps de maladie ou de deuil… L’imagination de Dieu qui nous appelle est infinie.

Et son initiative et son don gratuit attendent notre réponse. La vocation est « l’entrelacement du choix divin et de la liberté humaine »[1]. C’est une relation dynamique et stimulante qui a pour interlocuteurs Dieu et le cœur de l’homme. Ainsi, le don de la vocation est comme une graine divine qui germe dans le sol de notre vie, nous ouvre à Dieu et aux autres pour partager avec eux le trésor que nous avons trouvé. Telle est la structure fondamentale de ce que nous entendons par vocation : Dieu appelle en aimant et nous, reconnaissants, répondons en aimant. Nous nous découvrons fils et filles aimés par le même Père et nous nous reconnaissons frères et sœurs entre nous. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, lorsqu’elle a enfin « vu » clairement cette réalité, s’est exclamée : « Ma vocation je l’ai enfin trouvée ! Ma vocation, c’est l’Amour ! Oui, j’ai trouvé ma place dans l’Église […]. Dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’Amour »[2].

« Je suis une mission sur cette terre »

L’appel de Dieu, comme nous l’avons dit, comprend l’envoi. Il n’y a pas de vocation sans mission. Et il n’y a pas de bonheur ni de pleine réalisation de soi sans offrir aux autres la nouvelle vie que nous avons trouvée. L’appel divin à l’amour est une expérience qui ne peut être réduite au silence. « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile », s’exclame saint Paul (1 Co 9, 16). Et la première Lettre de Jean commence ainsi : Ce que nous avons entendu, vu, contemplé et touché, c’est-à-dire le Verbe fait chair, nous vous l’annonçons aussi pour que notre joie soit complète (cf. 1, 1-4).

Il y a cinq ans, dans l’Exhortation apostolique Gaudete et Exsultate, je m’adressais ainsi à chaque baptisé : « Toi aussi, tu dois concevoir la totalité de ta vie comme une mission » (n. 23). Oui, parce que chacun de nous, sans exception, peut dire : « Je suis une mission sur cette terre, et c’est pourquoi je suis dans ce monde » (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 273).

La mission commune à tous les chrétiens est de témoigner joyeusement, en toute situation, par des attitudes et des paroles, de ce que nous vivons en étant avec Jésus et dans sa communauté qu’est l’Église. Elle se traduit par des œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle, par un style de vie accueillant et doux, capable de proximité, de compassion et de tendresse, à contre-courant de la culture du rejet et de l’indifférence. Être le prochain, comme le bon Samaritain (cf. Lc 10, 25-37), nous permet de comprendre le « cœur » de la vocation chrétienne : imiter Jésus-Christ qui est venu pour servir et non pour être servi (cf. Mc 10, 45).

Cette action missionnaire ne découle pas simplement de nos capacités, de nos intentions ou de nos projets, ni de notre volonté, ni même de notre effort pour pratiquer les vertus, mais d’une expérience profonde avec Jésus. Ce n’est qu’alors que nous pouvons devenir les témoins de Quelqu’un, d’une Vie, et cela fait de nous des « apôtres ». C’est alors que nous nous reconnaissons « marqués par cette mission d’éclairer, de bénir, de vivifier, d’élever, de guérir, de libérer » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 273).

Les deux disciples d’Emmaüs sont une icône évangélique de cette expérience. Après leur rencontre avec Jésus ressuscité, ils se confient l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24, 32). En eux, nous pouvons voir ce que signifie avoir « un cœur brûlant et des pieds en marche »[3]. C’est ce que je souhaite également pour les prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse de Lisbonne, que j’attends avec joie et dont la devise est : « Marie se mit en route avec empressement » (Lc 1, 39). Que chacun se sente appelé à se lever et à partir en hâte, avec un cœur ardent !

Appelés ensemble : convoqués

L’évangéliste Marc raconte le moment où Jésus appela à lui douze disciples, chacun par son nom. Il les constitua pour être avec lui et pour les envoyer prêcher, guérir les maladies et chasser les démons (cf. Mc 3,13-15). Le Seigneur a ainsi posé les fondements de sa nouvelle Communauté. Les Douze étaient des personnes issues de milieux sociaux et de professions différents, n’appartenant pas aux catégories les plus importantes. Les Évangiles nous racontent ensuite d’autres appels, comme celui des soixante-douze disciples que Jésus envoya deux par deux (cf. Lc 10, 1).

L’Église est précisément l’Ekklesía, terme grec qui signifie : assemblée de personnes appelées, convoquées, pour former la communauté des disciples missionnaires de Jésus-Christ, engagés à vivre son amour au milieu d’eux (cf. Jn 13, 34 ; 15, 12) et à le répandre parmi tous, pour que vienne le Royaume de Dieu.

Dans l’Église, nous sommes tous des serviteurs et des servantes, selon des vocations, des charismes et des ministères différents. La vocation au don de soi dans l’amour, commune à tous, se déploie et se concrétise dans la vie des laïcs chrétiens, hommes et femmes, engagés dans la construction de la famille comme petite église domestique et dans le renouvellement des différents milieux de la société avec le levain de l’Évangile ; dans le témoignage des personnes consacrées, toutes données à Dieu pour leurs frères et sœurs comme prophétie du Royaume de Dieu ; dans les ministres ordonnés (diacres, prêtres, évêques) mis au service de la Parole, de la prière et de la communion du peuple saint de Dieu. Ce n’est que dans la relation avec toutes les autres que chaque vocation spécifique dans l’Église se révèle pleinement avec sa vérité et sa richesse propres. En ce sens, l’Église est une symphonie vocationnelle, avec toutes les vocations unies et distinctes dans l’harmonie et ensemble « en sortie » pour rayonner dans le monde la vie nouvelle du Royaume de Dieu.

Grâce et mission : don et engagement

Chers frères et sœurs, la vocation est un don et une charge, une source de vie nouvelle et de joie véritable. Que les initiatives de prière et d’animation associées à cette Journée renforcent la conscience vocationnelle dans nos familles, dans les communautés paroissiales et dans les communautés de vie consacrée, dans les associations et dans les mouvements ecclésiaux. Que l’Esprit du Seigneur ressuscité nous arrache à l’apathie et nous donne la sympathie et l’empathie, afin que nous puissions vivre chaque jour régénérés en tant que fils du Dieu Amour (cf. 1 Jn 4, 16) et être à notre tour générateurs d’amour : capables d’apporter la vie partout, en particulier là où il y a exclusion et exploitation, dénuement et mort. Pour que les espaces de l’amour s’élargissent [4] et que Dieu règne toujours plus dans ce monde.

Que la prière composée par saint Paul VI pour la première Journée mondiale des vocations, le 11 avril 1964, nous accompagne sur ce chemin :

Ô Jésus, divin Pasteur des âmes, qui as appelé les Apôtres à être des pêcheurs d’hommes, attire de nouveau à toi les âmes ardentes et généreuses des jeunes, pour en faire tes disciples et tes ministres ; fais-les participer à ta soif de Rédemption universelle, […] ouvre-leur les horizons du monde entier, […] afin que, répondant à ton appel, ils prolongent ta mission ici-bas, construisent ton Corps mystique, qui est l’Église, et soient « sel de la terre », « lumière du monde » (Mt 5, 13).

Que la Vierge Marie vous accompagne et vous protège. Avec ma bénédiction.

Rome, Saint-Jean-de-Latran, 30 avril 2023, 4e dimanche de Pâques.

FRANÇOIS

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[1] Document final de la 15e Assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques (2018), Jeunes, foi er discernement vocationnel, n.78.

[2] Manuscrit B, écrit durant sa dernière retraite (septembre 1896): Oeuvres completes, Paris 1992, p. 226.

[3] Cf. Message pour la 97e Journée Missionnaire Mondiale (6 janvier 2023).

[4] «Dilatentur spatia caritatis»: Saint Augustin, Sermon 69: PL 5, 440.441.

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