Méditation de Carême
Valérie Barbier, responsable de la Commission diocésaine d’Art Sacré, nous propose durant ce Carême, une méditation à partir d’une œuvre d’art.
Marie-Madeleine pénitente
Marie-Madeleine pénitente, Musée Cau Ferrat, Sitges, Catalogne
Marie de Magdala fut délivrée des sept démons qui l’habitaient avant de rejoindre le groupe des saintes femmes ayant suivi le Christ avec Marie jusqu’au pied de la croix. C’est elle la première, à avoir rencontré le Ressuscité au matin de Pâques.
L’image de la Pénitente est quant à elle, l’une des multiples facettes de la figure de Marie-Madeleine que la Tradition chrétienne a associé à la femme pécheresse repentie qui, parce qu’elle a beaucoup aimé, a beaucoup été pardonnée (Lc 7, 47).
Sur cette composition (typique de la période post-tridentine), le Greco représente la sainte, face à la croix, en tête à tête exclusif avec le Christ. Sa main droite aux doigts fuselés, est posée sur son cœur et sa main gauche désigne la vanité de ce monde symbolisée par le crâne. Son vêtement fait d’une riche étoffe, et ses longs cheveux, sont l’un et l’autre défaits. Ils témoignent d’une vie passée et déjà laissée derrière elle.
Marie-Madeleine s’est retirée seule dans une grotte, pour mener une vie d’ascèse et se consacrer tout entière à ce tête-à-tête exclusif avec le Seigneur. C’est la raison du choix du décor par l’artiste. Le rocher symbolise à la fois la grotte où s’est retirée Marie-Madeleine et la foi solide qui ne l’a jamais quittée. Le lierre qui le couvre témoigne de l’amour indéfectible de l’anachorète pour le Christ.
La liturgie de ce temps de Carême qui débute aujourd’hui nous offre, à l’image de Marie-Madeleine, l’opportunité de nous convertir à notre tour et de nous retirer au plus secret de nous-mêmes ; un temps de grâce pour un tête-à-tête avec le Seigneur Dieu, « tendre et miséricordieux », dans le jeûne, la prière et le soin au plus pauvre (Jl 2,12-18 et Mt 6, 1-6 ; 16-18).