Décès du Frère Louis BOURSEAU
Nous avons appris le décès du Frère Louis BOURSEAU le 19 décembre 2021. Ses obsèques seront célébrées le 23 décembre 2021 à l'église de La Houssaye-en Brie (77). Nous nous unissons aux prières de sa famille et de ses Frères Missionnaires des Campagnes.
En 2016, le Frère Louis était passé à Pibrac où il avait vécu avec ses frères au Prieuré. Après son passage il nous avait transmis un témoignage, paru dans la Pastourelle de Décembre 2016, dont voici le texte.
TEMOIGNAGE
Avec Sainte Germaine : « Ordonné pour être envoyé… »
ELLE EST ENTREE DANS MA VIE
C’est avec joie que 34 ans après son départ de Pibrac, le frère Louis Bourseau de la congrégation des frères missionnaires des campagnes témoigne, afin que nous aussi nous croyions…
Oui, c’est celle qui est entrée progressivement dans ma vie.
Je prendrais bien la comparaison de l’artiste qui peint un tableau.
Il en faut des coups de pinceaux avec différentes couleurs pour que l’œuvre parle !
Coups de pinceaux, je dirai plus volontiers une succession de coups de cœur, qui feront que je devienne « amoureux » de cette petite Sainte, à tel point qu’elle commence avec moi chacune de mes journées…
Je ne peux tout écrire, je vous livrerai en toute simplicité l’essentiel de cette démarche qui progressivement m’a transformé.
J’ai vu ces assemblées de pèlerins, tous ces gens rassemblés dans la basilique qui priaient, qui chantaient avec cette sensation particulière de l’animateur, comme si au bout de ma main, au bout de mes doigts, on rejoignait les fibres croyantes de tous ces gens.
Etre médiateur de sacré à travers sa voix, ses gestes, permettre que chacun rejoigne l’Invisible, oui « il est grand le mystère de la foi », incarné dans nos vies, dans notre être.
J’ai vu ces gestes tout simples qui permettent de rejoindre la Sainte, la toucher, le cierge qu’on allume, le moment de recueillement, le billet que l’on écrit et que l’on glisse dans la moindre ouverture de la chasse, quelquefois les pleurs, c’est cela la foi des pèlerins.
Des gestes qui transforment puisqu’ils sont habités d’amour, de supplication, de mercis. Parfois quand je vais à Lourdes, je reste longtemps pour voir défiler les gens dans la grotte. Voir pour Croire… « Il vit et il crut » Jean 20/8
Tout cela est dans la ligne de tous ces gens qui côtoyaient Jésus et voulaient le toucher.
Cette femme atteinte d’hémorragie depuis 12 ans et qui se disait « Même si je ne touche que ses vêtements je serai guérie » Marc 5/28.
J’ai vu ce jeune couple complètement apeuré arrivant tardivement au prieuré un soir nous disant : « Notre fils va très mal, sa vie est en danger, nous voudrions prier Sainte Germaine devant la chasse".
Comment ne pas être touché par le désarroi et la foi de ce jeune couple ?
J’ai vu, j’ai entendu Hélène Massot raconter la guérison de son fils très grièvement atteint. Elle revenait tous les ans pour dire merci et témoigner autour d’elle, par exemple à la boulangerie où je travaillais.
J’ai vu plus simplement l’accueil de Jany Cellier au magasin. Récemment une personne disait « Quand je suis arrivé à Pibrac j’étais en plein désarroi…j’ai parlé avec elle et c’est là que j’ai pu avancer avec la lumière de la foi grâce à ses quelques paroles".
C’est ce que les théologiens appellent le ministère du seuil.
Le Pape François a beaucoup parlé des périphéries… aller au loin mais aussi être à la porte pour inviter à rentrer.
Le 25 août dernier, quand je me suis retrouvé seul dans la basilique, j’ai vécu un moment merveilleux, comme une sorte de contemplation, regardant remonter en moi un tas de souvenirs.
Je ne dirai pas tout, mais le point fort fut de repenser à mon ordination diaconale le 11 octobre 1980.
J’ai voulu revivre un des moments les plus forts de mon ordination.
Je me suis allongé de tout mon long sur la dalle qui entoure l’autel, là où je m’étais allongé il y a 36 ans… sensation forte, le froid de la dalle qui était comme une nouvelle « irradiation » de mon ordination.
En juillet 1982, je quittais Pibrac avec les derniers frères. Je me souviens de mes bagages faits à la hâte…
Mais j’emportais la Petite Germaine avec moi.
Tous les matins, je lui confie ma journée.
Elle n’est pas seule, parce que les circonstances m’ont fait rencontrer également en profondeur deux autres bergères : Sainte Bernadette de Lourdes, et Sainte Jeanne d’Arc.
Il y en a une 4ième , c’est Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.
Elles sont en mission à mes côtés comme des partenaires actives.
Mon ministère fut très varié : 10 ans avec les jeunes, 10 ans de préparation au mariage, 18 ans aumônier des gens du voyage puis des prostituées.
Chacune, je le crois, passent leur ciel à faire du bien sur la terre. Il nous suffit de nous connecter dans la foi et la confiance.
Avec elles j’avance dans la vie.
Frère Louis Bourseau
Le 14 septembre 2016