Homélie du 13 Juin (Fêtes de Sainte Germaine)

Publié le par Ensemble paroissial Pibrac et Brax

Basilique sainte Germaine de Pibrac

Basilique sainte Germaine de Pibrac

Homélie du 13 juin 2021

 

  « Je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert
et reverdir l’arbre sec.
 » Ce magnifique texte d’Ézéchiel s’éclaire ici à Pibrac d’une lumière particulière avec sainte Germaine. Le Seigneur relève l’arbre renversé et renverse l’arbre élevé. Ce qui paraît tordu aux yeux des hommes Dieu le relève, le voit droit parce qu’il voit au-delà de l’apparence. Cette jeune fille maladive sans charme apparent que la vie renverse, le Seigneur la relève faisant écho à une chanson de Raimbault d’Orange, un troubadour d’Occitanie du douzième siècle, la chanson de la fleur inverse qui a ses racines dans le ciel. « Quand paraît la fleur inverse le monde alors s’inverse les plaines deviennent des collines les feuillages deviennent des ronces et la neige une fleur. » Eh bien notre petite sainte est cette fleur inverse, cet arbre relevé par la grâce de Dieu qu’elle a su accueillir comme ce palmier du psaume qui grandira après sa mort comme un cèdre du Liban.

 

  La sainteté n’est pas visible immédiatement, parfois même elle surprend et elle provoque car le saint est en contradiction avec le monde. La sainteté renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, quel paradoxe ! L’Évangile de Marc joue de ce paradoxe

Le royaume des cieux n’est pas perceptible il n’a pas d’apparat car il est comme une graine de moutarde, un grain sénevé, minuscule c’est presque une nano particule à l’intérieur de nous. Elle peut rester en l’état si nous ne la cultivons pas, mais que nous le voulions ou pas, elle est là, elle demeure même enfouie sous nos doutes et sous nos illusions, elle est là cette graine de moutarde et si nous prenons soin d’elle, elle peut devenir un grand arbre où les oiseaux du Ciel viennent se poser.

 

  En hébreu le sénevé correspond à la lettre iod la plus petite lettre qui contient toutes les lettres de l’alphabet. Tous les possibles. Il est le point qui contient toutes les lignes, toutes les formes géométriques, il est le cœur. Le royaume des cieux contenu tout entier dans ce petit grain, dans ce iod, dans ce cœur. Et c’est ici que ce grain de moutardier a pris dans la terre de Pibrac dans le jardin du cœur de Germaine. Sans que personne ne s’en aperçoive, en secret comme un cœur à cœur avec Dieu. Et quel arbre en est sorti à l’image de la Basilique.

 

  La deuxième lecture nous donne une clé de compréhension de cette petitesse, de cet infiniment petit, qui est une faiblesse, une fragilité dans un monde fort, grandiloquent et violent, et que Dieu privilégie pour manifester sa grandeur : chacun reçoit en fonction du bien qu’il fait. Ce n’est pas si simple de rendre le bien pour le mal que l’on nous fait et pourtant c’est la clé du renversement des pôles d’Ézéchiel qui relève ce qui est renversé, le monde se rend coup pour coup comme la marâtre de Germaine qui la suspecte de voler du pain et Dieu répond avec des roses. Et Jésus est frappé, crucifié à mort et il donne la vie. Ce renversement que nous avons du mal à comprendre est la clé de toute connaissance et de toute sagesse. Comment la souffrance de la Croix peut-elle nous sauver et pourquoi ? Saint Bernard disait le clou qui a percé sa chair est la clé qui a ouvert mon cœur, c’est un jeu de mot en latin clavis/clavus. Le clou de la souffrance est la clé qui ouvre mon cœur. Sainte Germaine nous le dit par sa vie même. Ce qu’elle a supporté invisiblement Dieu va le rendre manifeste plus de quarante ans après sa mort par sa sainteté. Ce corps de souffrance maltraité, exclu, rejeté est retrouvé intact dans une lumière taborique, ouvrant les yeux et le cœur de milliers de pèlerins. Le grain de moutarde a germé, il a fait croître l’arbre de la foi aux racines plantées dans le ciel.

 

  La pandémie et les difficultés qu’elle engendre, nous devons la traverser comme sainte Germaine traverse la rivière. Devant l’obstacle elle se confie à Dieu qui ouvre la rivière et lui permet de traverser. Cette confiance pourrait sembler aveugle et sans intelligence, non, au contraire, cette confiance en Dieu est le gage d’une intelligence et d’une hauteur de vue peu commune car je peux tout en celui qui me fortifie (Philippiens). Et nous pourrons dire avec sainte Germaine :

Loué sois-tu Seigneur !

 

Daniel Facérias, diacre

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