Le changement climatique vu par 2 paroissiens

Le Pape nous invite à relire son encyclique « Laudato Si » en cette semaine. Il nous invite à prier et à agir pour protéger la Création, la Terre, les plantes, les animaux et aussi les hommes. En tant que couple catholique et météorologue/climatologue, le changement climatique est une réalité que nous observons quotidiennement dans nos mesures, dans nos activités de recherche.

Ainsi, en Occitanie, le changement climatique est déjà à l’œuvre depuis de nombreuses années. A la station de Toulouse Blagnac, on constate une augmentation de la température de l’air annuelle de plus de 1°C en 60 ans. Ce chiffre peut sembler insignifiant ; en effet quelle différence pour notre confort si la température augmente de 1°C au cours de la journée ? Aucune en effet, c’est à peine si nous percevons la différence. Mais c’est aussi le piège de cet amalgame : les climatologues parlent de la température moyenne annuelle, c’est donc +1°C systématique et tout le temps. Ainsi, ce n’est pas notre confort qui est en jeu, mais notre environnement. Est-il capable de s’adapter à un changement de cette ampleur, avec une telle rapidité ? Ainsi les plantes avancent leur période de floraison, les animaux migrent pour retrouver des conditions de vie plus adaptées à leurs besoins. D’autres impacts deviennent visibles, tels que la fonte accélérée des glaciers Pyrénéens, la réduction de l’enneigement de nos chères montagnes, la multiplication des canicules et des sécheresses, la montée du niveau marin et l’érosion de nos côtes. Et pour le futur, que nous dit la science ? En 2050, la température de l’air aura encore gagné plus de 1°C en Occitanie, avec des conséquences difficiles à appréhender : canicules à répétition, sécheresses intenses et durables, éco-systèmes en danger. Et ceci quoique nous fassions pour réduire notre empreinte climatique et notre consommation énergétique. Alors, si c’est déjà joué, à quoi bon lutter  ? Autant ne rien faire puisque l’avenir est connu et sombre.

Eh bien non ! Tout d’abord le Seigneur a toujours su créer la surprise et réduire à néant les plans des hommes les mieux pensés. Une surprise est toujours possible, qui pourrait radicalement changer la donne. De plus nos recherches montrent que l’enjeu de taille qui dépend entièrement de nous est la fin du siècle. Entre 2050 et 2100, l’augmentation de la température de l’air par rapport à maintenant se situera entre +0°C et +3.5°C à Toulouse. Bref des mondes climatiquement aussi différents que notre France actuelle et le Maroc ou l’Algérie contemporains. Et c’est la responsabilité de l’humanité d’aujourd’hui de choisir le climat que connaîtront nos enfants et petits-enfants. En cela, les chrétiens, dont l’histoire et l’avenir s’écrivent à l’échelle des siècles et des millénaires, ont un rôle majeur à jouer pour alerter l’humanité et être des précurseurs de la lutte contre le réchauffement du climat.

Voilà le constat que nous faisons dans notre travail et que nous voulons partager avec vous. La pandémie et le confinement nous ont imposé de changer nos comportements et cela a déjà un effet positif sur la pollution et sur la réduction des gaz à effet de serre (en ce moment nous atteignons un niveau égal aux émissions de 2006). Il faut que ces changements deviennent des nouvelles habitudes, car nous pouvons encore ralentir le réchauffement. Le refrain d’un chant de sortie de messe commence par « Ne rentrez pas chez vous comme avant...Vivez en hommes nouveaux ». Il pourrait devenir « Ne sortez pas de chez vous comme avant….Créez un monde nouveau ».

Ingrid et Pierre